Un jeu pour savoir décrypter les postes au rugby (et enfin comprendre ce que Matthieu Lartot raconte à la télé)

Disons le tout de go, le rugby est un sport compliqué. Les joueurs eux-mêmes sont régulièrement dépassés (combien ont botté le ballon directement en touche en pensant être dans leur bon droit ?) et on ne peut qu'admirer les arbitres qui doivent juger ces situations en temps réel. De fait, un téléspectateur attentif peut mettre plusieurs années à comprendre les fondements du jeu et cette expertise ne suffira pas nécessairement à éclairer toutes les séquences d'un match (« allez savoir pourquoi cette mêlée s'est effondrée »).

Ce constat nous invite à l'humilité (n'ayez jamais honte de dire « je ne sais pas », ceci vaut au rugby comme dans la vie) mais il comporte aussi un élément rassurant : non, vous n'êtes pas seul à vous être attaché au rugby sans rien y comprendre. Et sans les bonnes clés de lecture, vous pouvez continuer d'observer longtemps ce sport sans en saisir les bases.

Pour remédier rapidement à cette situation, je vous propose un jeu tout simple basé sur un schéma représentant une équipe en situation d'attaque classique. Différents défis vous attendent. N'ayez pas peur de vous tromper ou de répondre au pif (les êtres humains sont programmés pour apprendre par l'erreur et le tâtonnement et c'est sur ce simple ressort psychologique que s'appuie ce jeu) : la bonne réponse vous sera alors indiquée et le jeu vous proposera d'y revenir plus tard. Vous pourrez ainsi mémoriser petit à petit chaque élément. Même si vous n'y connaissez rien, dans quelques minutes, vous serez incollables sur la composition d'une équipe (et pourrez clouer le bec de ce·tte pote qui, espérant vous prendre à défaut, vous demande ce que vous avez pensé du talonneur).

Exercice 1 : difficulté très facile

Exercice 2 : difficulté facile

Bien joué : vous avez constaté que l'équipe est divisée en deux groupes. Le premier groupe, très resserré, est composé de 8 joueurs disposés sur le front de l'attaque : c'est le paquet d'avants. Le deuxième groupe est composé de 7 joueurs que l'on appelle (en opposition aux avants) des arrières.

Comme vous pouvez le voir, les arrières occupent le terrain sur toute sa largeur et obliquent vers l'arrière du terrain. Le maintien de cette profondeur est une constante du rugby offensif. Compte tenu du fait que l'on ne peut passer qu'en arrière, elle permet aux joueurs de lancer leur course et d'être à pleine vitesse au moment de recevoir le ballon.

Compliquons-nous désormais un peu la tâche et identifions les différentes lignes qui composent les deux groupes.

Exercice 3 : difficulté moyenne

Bravo ! Comme vous avez pu le voir les joueurs du paquet d'avants sont répartis en trois lignes : une ligne de 3 joueurs, une ligne de 2 joueurs, puis à nouveau une ligne de 3 joueurs. Ce n'est pas fortuit : lorsque vous regarderez un match, vous retrouverez ce schéma à l'introduction de chaque mêlée (c'est la règle). Regardez la photo ci-dessous qui montre une mêlée entre l'Irlande et le Pays de Galles.

Les premières et deuxièmes lignes (du n°1 à 5) poussent l'une derrière l'autre, tandis que les troisièmes lignes aile (n°6 et 7), viennent stabiliser la mêlée sur ses flancs (c'est pour cela qu'on les appelle aussi flankers). Vous remarquerez que ce sont les seuls avants qui ont le droit d'avoir une main libre, les autres sont liés par les deux bras. Ils peuvent ainsi rapidement se détacher de la mêlée pour retourner dans le jeu. Le troisième ligne centre (n°8), situé tout derrière, oriente le travail de ses équipiers. Enfin, notons la présence d'un arrière dans ce tableau : le demi de mêlée (n°9), qui doit introduire le ballon (si son équipe en a la possession) dans la mêlée ou surveiller son vis-à-vis (si son équipe défend).

Revenons aux arrières, justement. Dans l'exercice précédent, vous avez pu distinguer la charnière (n°9 et 10), qui connecte les avants à la ligne de trois-quarts. La ligne de trois-quarts (n°11 à 14) s'étire sur toute la largeur du terrain tandis que, derrière elle, un joueur isolé (n°15) dispose du recul pour surveiller tout ce beau monde. C'est l'arrière proprement dit (attention à la confusion avec les arrières).

Toutes ces positions préférentielles ont un but, c'est pourquoi chaque joueur se différencie par le nom de son poste (et le numéro auquel il est associé). Avant d'expliquer la nature exacte de ces postes (dont les noms sont souvent assez évocateurs), apprenons maintenant à les identifier.

Exercice 4 : les postes en détails

Vous commencez à être rôdé·e ! Vous êtes désormais capable d'identifier toutes les lignes et les postes qui composent une équipe.

Notons qu'à la télévision, les compositions d’équipe sont communiquées ligne par ligne en respectant un schéma similaire à celui ci-dessous.

C'est assez éloigné de la réalité du terrain mais plus commode et lisible pour prendre rapidement connaissance des joueurs titularisés. Vous n’y perdrez pas vos repères par rapport au schéma sur lequel nous avons travaillé. Le paquet d’avant y est représenté de la même manière ; l’arrière également ; la charnière est bien visible avec l’association du n°9 et du n°10 et la ligne de trois-quarts ne diffère pas trop avec la présence des ailiers sur les côtés.

Il ne vous manque que quelques bases pour faire les liens logiques entre ces positions préférentielles et le cours d'un véritable match de rugby, ce qui suppose de répondre à cette question : qu'attend-t-on de chacun de ces postes ?

Pour le savoir, je vous propose un dernier jeu. Mais oubliez le schéma cette fois, nous allons nous frotter à de véritables situations, en images. Chaque image montrera un joueur en train d'accomplir une mission importante de son poste, et ce sera à vous de deviner de quel poste il s'agit parmi plusieurs réponses possibles.